L'avion et la voiture sont des modes de transport polluants. Mais l'une de ces options tire-t-elle malgré tout son épingle du jeu ?
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2022-09-09T00:00:00.000Z
2025-11-27T00:00:00.000Z
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“D'après la plateforme Notre-environnement, les transports sont à l’origine de 30 % des émissions de gaz à effet de serre nationales (soit 126 millions de tonnes de CO₂e) et constituent le premier secteur contributeur à l'empreinte carbone française. ”
Privilégiés pour leur praticité et leur rapidité, l'avion et la voiture sont pourtant de gros contributeurs au réchauffement climatique. Mais l'un vaut-il mieux que l'autre ?
Le sujet des transports en général
Selon les chiffres fournis par le Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires, l’empreinte carbone des transports se décompose comme suit :
🚙
53 % de l'impact serait imputable aux voitures particulières ;
🚚
27 % aux poids lourds ;
🚐
15 % aux véhicules utilitaires légers (VUL) ;
⛴️
3 % aux autres modes de transport (deux-roues, ferroviaire et maritime).
En définitive, plus de la moitié de l'empreinte carbone de ce secteur serait donc imputable à la voiture. Un constat qui n'est finalement pas surprenant : d'après l'Insee, en 2017, 74 % des actifs en emploi qui se déplaçaient pour rejoindre leur lieu de travail utilisaient leur voiture (16 % prenant les transports en commun, et 8 % recourant à la marche et au vélo).
“Le recours massif aux transports en commun est très spécifique à l’aire d’attraction de Paris puisque 44 % des actifs en emploi y résidant utilisent métro, bus, tramway, RER ou train pour aller travailler. (...) Dans les aires d'attraction des autres villes, le recours aux transports en commun est bien plus faible. Il ne concerne que 8 % des actifs. (...) Par ailleurs, les actifs se déplacent moins souvent en transports en commun lorsqu’ils résident dans les aires les plus faiblement peuplées. Dans les aires d’attraction des villes de plus de 700 000 habitants (hors aire de Paris), 15 % des actifs en emploi utilisent les transports en commun contre moins de 3 % dans celles de moins de 50 000 habitants. ” Quelle est l'empreinte carbone de la voiture ?
En 2025, le baromètre d’Alphabet France (en partenariat avec l'Ifop) a confirmé le chiffre de l'Insee : à cette date, 75 % des actifs français utilisaient toujours une voiture dans le cadre de leurs trajets domicile-travail. Mais qu’en est-il vraiment d’un point de vue écologique ?
L'empreinte carbone d’une voiture thermique
Une voiture thermique est un véhicule fonctionnant grâce à un carburant issu des énergies fossiles. Selon l’ADEME, une voiture à essence engendrerait l’émission de 218 gCO₂e par km - l’équivalent de 2 km en bus thermique et de 74 km en TGV.
Dans le détail :
🚙
88 % de l’empreinte carbone serait lié à la phase d'usage du véhicule (en l'occurrence au carburant, qui compterait pour 192 g CO₂e par kilomètre parcouru) ;
⚙️
12 % de l’empreinte carbone serait imputable à la construction du véhicule.
“Au 1er janvier 2023, 38,9 millions de voitures étaient en circulation en France. Au sein de ce parc automobile, on comptait 96,8 % de voitures roulant exclusivement à l'essence ou au diesel, là où les motorisations électrique, hydrogène, hybride rechargeable, bicarburation essence-GLP pesaient seulement pour 3,2 % du parc.”
L'empreinte carbone de la voiture électrique
Une voiture électrique est un véhicule recourant à un moteur électrique pour tout ou partie de sa propulsion. Au sens du site Connaissances des Énergies, on distingue les voitures 100 % électriques, les voitures hybrides rechargeables et les voitures à prolongateur d'autonomie.
Selon l'ADEME, une voiture électrique engendrerait ainsi l'émission de 103 gCO₂e par km. Dans le détail :
🔨
81 % de l’empreinte carbone serait lié à la phase de construction du véhicule ;
🚗
19 % de l’empreinte carbone serait imputable à la phase d'usage.
Ministère de la Transition Écologique
21 novembre 2023
“Le marché des voitures électriques, soutenu depuis plusieurs années par un bonus écologique à l’achat, progresse nettement depuis 2021 (13,1 % des immatriculations en 2022). ”Toujours selon le site du Ministère de la transition écologique, la part des motorisations électriques et hybrides rechargeables a représenté 21,2 % des ventes en France en 2022, contre 18,0 % en 2021. Une tendance lente (trop lente ?) à l'accroissement, qui irait a priori dans le bon sens, ainsi que le souligne Carbone4.
“Produire une voiture électrique émet plus de gaz à effet de serre (CO₂e) que son équivalent thermique, c'est avéré, essentiellement du fait de la fabrication des batteries. Ce serait un problème pour le climat si ce CO₂e excédentaire n'était pas plus que largement compensé par les réductions d'émissions à l'usage. Or, c'est bel et bien le cas puisque sur sa durée de vie en France, une voiture électrique émet globalement 3 à 4 fois moins de CO₂e que son équivalent thermique. (...) Nos évaluations montrent qu'il faut rouler autour de 30 à 40 000 km (soit 2 à 3 ans d'utilisation pour un usage moyen) pour que la voiture électrique devienne meilleure pour le climat que son équivalent thermique "hybride léger". Or, une automobile sur sa durée de vie va parcourir de l’ordre de 200 000 km. ” “Les bénéfices climatiques des véhicules électriques par rapport aux véhicules thermiques proviennent de leur bien plus faible consommation d'énergie sur leur durée de vie (et ce malgré la fabrication plus émissive des véhicules électriques). Moins la production d'électricité est carbonée, plus l'écart se creuse. (...) Dans une vingtaine de pays seulement, la voiture électrique est moins vertueuse que la voiture thermique (en supposant que le mix électrique ne change pas). Il s'agit de l'Inde, de certains pays d'Afrique et du Moyen Orient, et de pays insulaires tels que Cuba, Haïti ou l'Indonésie. ” Quelle est l'empreinte carbone de l’avion ?
D’après l’ADEME, en 2019, les émissions induites par les vols intérieurs et internationaux au départ de la France s’élevaient à 24,2 millions de tonnes de CO₂e (soit 85 % d'augmentation depuis 1990). Pour se faire une idée, ceci correspondait à 5,3 % des émissions globales de la France.
Selon le simulateur de l’ADEME, emprunter l'avion reviendrait à émettre 259 gCO₂e par km. Dans le détail :
✈️
la phase d'usage représenterait 99,8 % de l’empreinte carbone ;
💺
la phase de construction compterait pour 0,15 % des émissions.
Les émissions du transport aérien sont principalement liées à la consommation de kérosène, qui émet 3,01 kg de CO₂ par litre. Au total :
⛽️
16 % du CO₂ est émis lors la production et de la distribution de kérosène (extraction, transport, raffinage et distribution) ;
🔥
84 % de CO₂ est émis au moment de la phase de "consommation" (autrement dit, de la combustion du kérosène).
Avion vs voiture : quel mode de transport est le plus écologique ?
Pour évaluer correctement l'impact environnemental de chacun de nos modes de transport, il faut l'étudier sur l'ensemble du cycle de vie. On ne peut pas, par exemple, se contenter de dresser des comparaisons sur la base du niveau de consommation de carburant (même si cet aspect compte bien évidemment).
“Le principal impact hors-CO₂ de l’aviation est l’effet des trainées de condensation qui apparaissent dans le sillage des avions. Ce sont les fameuses traces blanches que l’on peut apercevoir dans le ciel. Elles peuvent devenir persistantes dans une masse d’air suffisamment froide et humide puis évoluer en nuage cirrus (nuage de glace) selon les conditions météorologiques. Ce type de nuage a un effet globalement réchauffant sur le climat. Il renvoie vers la terre le rayonnement qu’elle émet, sans pour autant avoir un effet albédo équivalent (renvoyer le rayonnement solaire vers l’espace). Mais ces nuages sont trop petits et instables pour être pris en compte avec précision dans les modèles climatiques. ” De la même manière, si on souhaite évaluer convenablement l'impact de nos modes de transport sur le long terme, il est impératif de se pencher sur les implications de la construction des infrastructures qui permettent à certains d'entre eux de fonctionner : les aéroports, les gares, les voies ferrées, etc.
| Mode de transport |
Intensité carbone à court terme (hors construction) |
Intensité carbone à long terme (avec construction) |
| Avion court-courrier |
262 gCO2e/passsager.km |
264 gCO2e/passsager.km |
| Voiture thermique - autosolisme |
173 gCO2e/passsager.km |
240 gCO2e/passsager.km |
| Voiture électrique - autosolisme |
18 gCO2e/passsager.km |
112 gCO2e/passsager.km |
| Voiture thermique |
79 gCO2e/passsager.km |
109 gCO2e/passsager.km |
| Voiture électrique |
8 gCO2e/passsager.km |
51 gCO2e/passsager.km |
| Autocar |
28 gCO2e/passsager.km |
30 gCO2e/passsager.km |
| TGV |
3 gCO2e/passsager.km |
10 gCO2e/passsager.km |