
Comprendre le principe et l'analyse de double matérialité
La double matérialité, pilier de la CSRD, rend désormais indissociables les performances environnementales et financières d'une entreprise. Explications.
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Ce chiffre a ceci d’intéressant qu’il illustre la principale problématique posée par la taxe carbone, mais aussi l’un des principaux enjeux posés par la transition écologique dans son ensemble.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser — notamment depuis le mouvement des Gilets jaunes — la taxe carbone n’est pas foncièrement impopulaire.
Mais qu’est-ce que la taxe carbone exactement ? Comment fonctionne-t-elle ? Qui concerne-t-elle ? De quelle manière est-elle réellement perçue par les Français.es ?
Dans l’absolu, les recettes obtenues par le biais de la taxe carbone sont supposées :
À l’inverse, une taxe carbone n’est pas nécessairement une composante carbone. Comprenez par là que la taxe carbone est un concept mis en œuvre dans de nombreux pays, mais que son fonctionnement au sein de chacun d’entre eux n’est pas nécessairement similaire à notre composante carbone française.
En France, la taxe carbone (ou composante carbone) désigne une modalité de calcul des taxes intérieures de consommation (TIC), proportionnelle à l’empreinte carbone des produits énergétiques.
Mais le mécanisme ne s’arrête pas là, car théoriquement, le niveau de la taxe carbone doit augmenter régulièrement afin d’envoyer “un signal prix”.
Le signal prix est une forme d’incitation. En augmentant régulièrement le niveau de la taxe, le dispositif vise à nous pousser à réduire peu à peu notre usage des énergies fossiles. En s’équipant progressivement de machines moins énergivores, en privilégiant de plus en plus le recours aux transports bas-carbone, etc.
À titre indicatif, entre 2014 et 2018, la taxe carbone française était passée de 7 à 44,60 euros. Sur la même période, les recettes fiscales, elles, avaient ainsi évolué de 0,3 à plus de 9 milliards d’euros.

L’histoire de la taxe carbone a débuté en 1997, au moment du Protocole de Kyoto. L’idée du dispositif y est alors évoquée pour la première fois... Idée qui sera reprise 10 ans plus tard par Nicolas Hulot, dans le cadre de son pacte écologique signé par les candidat.e.s à l’élection présidentielle de 2007 (sauf Jean-Marie Le Pen qui n’avait pas été sollicité).
Sur le plan législatif, la taxe carbone a fait l’objet de deux tentatives infructueuses en 2000 puis 2009. Finalement, en 2014, le gouvernement parvient à introduire la taxe carbone (officiellement, en tant que “composante carbone”) via la loi de finances portant sur le calcul de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), le gaz naturel (TICGN) et le charbon (TICC).

Théoriquement, la taxe carbone nous concerne tous : particuliers, entreprises et administrations. Néanmoins des exonérations ou remboursements existent.
Institute for Climate Economics (I4CE)
Point Climat N°56, octobre 2018
En France, les transports aériens et fluviaux nationaux, les taxis, le transport routier de marchandises en font ainsi l’objet (pour ne citer qu’eux).

Les débats autour de la taxe carbone sont nombreux même si, en vérité, cette dernière a très peu fait parler d’elle en France jusqu’en 2017.
Autre débat d’ampleur : la finalité des recettes issues de la taxe carbone. En France comme ailleurs, l’usage de ces fameuses recettes ne serait pas toujours lié à l’écologie.
Selon le décompte de l’I4CE, au regard du recul dont nous disposons quant à ce dispositif à l’échelle internationale :
Institute for Climate Economics (I4CE)
Point Climat N°55, octobre 2018
Quand bien même il est évidemment souhaitable que les revenus obtenus par le biais de la taxe carbone soient alloués aux besoins liés à la transition écologique, chaque pays demeure libre de ses choix en la matière.
Comme nous l’évoquions au début de cet article, en 2022, plus de six résidents de France métropolitaine sur dix se disaient favorables à une augmentation de la taxe carbone si, en contrepartie, une mesure redistributive, fiscale ou environnementale était mise en place.
Or, cette condition n’a rien d’anecdotique aux yeux des Français.es. Faute de contrepartie, l’adhésion en faveur de la hausse de la taxe carbone devient deux fois moindre.
D’ailleurs, d’autres chiffres confortent largement ces constats : en 2019, l’environnement s’était pour la première fois positionné en tête des préoccupations des Français.es (à égalité avec l’emploi). De même, en 2021, 56 % des Français.es estimaient qu’il revenait à chacun d’entre nous d’agir, et 66 % se disaient prêts à modifier de façon importante leurs modes de vie, à condition que ces changements soient partagés de façon juste.
Une part conséquente de la population est prête à se mobiliser en faveur de cet effort, à condition qu’elle ne soit pas la seule à se retrousser les manches. D’ailleurs, en 2021, 77 % des Français.es déclaraient souhaiter que l’État déploie au sujet de l’environnement des efforts identiques à ceux réalisés au moment de la crise du Covid.
Le message est clair.